Quand on pense « patrimoine », on pense à des choses que l’on peut voir et toucher.
Cependant, le patrimoine peut aussi être immatériel comme les contes et légendes.
Pourquoi s’y intéresser ? Parce que ces histoires locales nous donnent des indices assez précis sur la façon de penser de nos ancêtres : les choses importantes de leur vie, leurs craintes, leurs espoirs, leurs croyances. Des êtres surnaturels s’invitent parfois comme le diable, la sorcière, des monstres mais aussi des personnages historiques, ayant réellement existé donc, comme les rois. Imagine une époque sans télévision, ni téléphone, ni Internet. Après une journée harassante passée à cultiver la terre, la famille se réunit, le soir, au coin du feu ou à la lueur d’une bougie. Quand tout le monde est bien installé, un ancien prend la parole et raconte. Tous l’écoutent avec attention.
Une histoire d’amour
Il était une fois un paysan amoureux de Ferline, la fille d’un riche bourgeois Marmandais. Se sachant trop pauvre pour lui plaire, il partit plusieurs années en voyage de l’autre côté de l’océan, pour essayer de l’oublier… en vain. Un beau jour, le paysan rentra avec d’étranges graines qu’il sema dans son jardin.
Chaque jour de l’été, il déposait un curieux fruit rouge sur le rebord de la fenêtre de Ferline. Un jour, touchée, elle lui demanda comment s’appelait ce fruit.
«Ferline», répondit-il, en hommage à sa beauté. Avant de lui tomber dans les bras, Ferline décréta qu’à partir de ce jour, elle appellerait ce fruit «pomme d’amour» ! Et c’est ainsi qu’on commença à cultiver la tomate dans la région de Marmande.
(D’après Jean Condou.)
Une histoire de diable
Le diable, qui possédait des terres, chercha un métayer, c’est-à-dire un paysan pour les cultiver en échange d’une partie de la récolte. Le diable et le paysan s’accordèrent sur les conditions. Le métayer promit au diable la plus belle partie des récoltes, c’est-à-dire la partie qui pousse hors de la terre. Le paysan garderait la partie souterraine. D’abord ravi, le diable déchanta vite lorsqu’il comprit que le paysan n’avait planté que des betteraves et des pommes de terre… qui poussent sous terre donc. Pour l’année suivante, le diable demanda la partie souterraine. Le métayer accepta… mais il avait son idée en tête. Devines-tu laquelle ? Il ne sema que des céréales à la place des betteraves et des patates. Le diable comprit qu’il avait été berné.
L’histoire ne dit pas s’il renouvela ses expériences agricoles l’année d’après !
(D’après Jacques Dubourg)
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